Décalé

23 janvier 2006

Choisir sa mort aux Etats-Unis

J'ai été un peu choquée à la lecture de l'article Choisir sa mort en Amérique écrit par Corine Lesnes et publié dans le Monde daté du 19 janvier. La Cour Suprême des Etats-Unis a validé le 17 janvier une loi de l'état d'Oregon autorisant le "suicide médicalement assisté". En fait, pour être précis, la Cour Suprême ne s'est pas prononcé sur le fond, mais sur la séparation entre ce qui relève du pouvoir fédéral et ce qui relève du pouvoir des états. Mais là, n'est pas la question. Que dit cette loi ?
Cette loi autorise un patient agé de plus de 18 ans, considéré comme suceptible de prendre des décisions concernant sa santé et de les communiquer à être assisté médicalement pour se suicider. Une certaine procédure doit néanmoins être suivie :
  • deux médecins doivent établir un diagnostic et attesté que le candidat au suicide n'a plus que 6 mois à vivre.
  • le candidat doit présenter une première demande orale à son médecin et la renouveler à au moins quinze jours d'intervalles.
  • il doit faire une demande écrite signée devant deux témoins
  • si le candidat est dépressif, il peut subir une évaluation psychologique.
  • le médecin doit demander au candidat de prévenir ses proches, mais celui-ci n'est en rien obligé de le faire.
  • enfin, le candidat doit être capable de prendre lui même les substances, nul n'est en doit de l'aider même sa famille
Avec tout ça, on arrive à des cas du genre un patient qui se réveille au bout de 65h, ou un patient qui a survécu 31h sans qu'on puisse l'aider à partir plus vite. De plus, après la mode des invitations à l'accouchement, on invite aujourd'hui ses proches à assister à sa propre mort avec la possibilité de la mettre en scène...

Je ne sais pas trop quoi pensé de cette formule. Je ne sais pas si l'euthanasie passive ou active est autorisée dans l'Oregon. Là, je trouvre quand même que c'est assez hypocryte car dans la mesure ou c'est le patient lui-même qui boit la substance, le médecin ou les proches n'ont pas l'impression de faire l'acte. Ce n'est pas eux qui abrègent les souffrances, même si, c'est quand même eux qui préparent le poison et le donne au patient. Cette formule n'aurait je crois pas été possible dans le cas de Vincent Humbert car il n'avait pas la possibilité de boire tout seul.

Pour moi, il s'agit d'un suicide. Pourquoi a-t-on besoin de tant de précaution pour un suicide ? Pour être sur que ça ne rate pas ? Parce que les Etats-Unis en tant que pays de plus en plus religieux n'accepte pas le suicide (en maquillant comme ça le suicide, les candidats ont des chances d'aller éventuellement au paradis ce qui selon certaines doctrines chrétiennes n'est pas possible car le suicide est un péché) ? Autant, je suis pour l'euthanasie, autant là, j'émets des doutes.